jeudi 21 mars 2013

Mathias Delplanque - Chutes (Baskaru ‎– karu:023) 2013




Plus d'un mois s'est écoulé depuis le dernier papier. Entre la sortie des compilations et les examens de fin d'année, impossible de trouver le temps pour user mon clavier. Je me doutais bien que le bus serait difficile à rattraper, que je passerai forcément à côté de nombreux chefs-d'oeuvre, mais fort heureusement j'avais pris soin de mettre quelques albums de côté que j'ai pu écouter, ré-écouter encore et encore, trouvant une petite heure par-ci par là pour profiter pleinement. Chutes en fait parti. Depuis un mois il reste figé sur mon desktop, isolé, mais bien en évidence. Tout d'abord parce que l'artwork, bien que pleinement minimaliste, est tout simplement une tuerie. "Efficlasse" comme il dirait (salut l'ami). Deuzio, parce que c'est un album intrigant, qui attise une curiosité sans égal. Chaque nouvelle écoute ouvre de nouvelles portes, crée de nouvelles perspectives et de nouveaux paysages, réinvente sa propre expérience sensorielle. Ni abrupt ni brutal, ses volutes sont torsadées sans jamais céder. Certaines phases peuvent être assimilées aux travaux architecturés d'Amon Tobin, période Isam (Night Swim). 

Mathias Delplanque maître du hasard, de l'imprévu et du retournement de situation. Chutes, un disque à la beauté hésitante, et qui avance, tout en retenue, sur des charbons ardents. Réflexes nerveux ou bien spasmes forment une chorégraphie à part entière, un ballet tout en contres-pieds, bancal mais plein de grâce. Les mots sont scindés, mâchés, les phrases prennent des tournures étranges, comme cryptées au final. So, Ru, Fell, Vi, Bu, Flo, Alo, échantillons de poésie que l'on tentera alors d'assembler comme bon nous semble, superposant ce papier déchiré à quelques textures ornant déjà le tableau. Un jeu d'échantillonnage  imprévisible et donc passionnant, dont on ne cédera pas la moindre miette, dont on analysera et retiendra chaque micro-son tant le tout fourmille de bonnes choses. Mathias Delplanque sculpte ses instruments au scalpel, ou bien les dépoussière à la brosse à dents, retirant avec grande minutie chaque particule recouvrant sa création. Comme un paléontologue de l'electro-acoustique, l'homme semble pourtant trouver ce que personne ne supposait pouvoir exister jusqu'à maintenant. 

Une précision mathématique quant au travail accordé au moindre petit son extirpé, Chutes fouille le subconscient de chacun, et ramène à la surface notre âme d'enfant. Car en s'attardant sur sa méthode de travail, on ne peut que rester ébahis, l'oeil humide et le sourire aux lèvres. Le morceau FELL, en vidéo ci-dessous, ne contredira pas ce constat. C'est du costaud.

Divers interprétations me viennent à l'esprit, pour ne pas dire des dizaines. Comme je le mentionnais plus haut, les écoutes se succèdent et le ressenti ne cesse de se développer, toujours de manière purement positive. Vestiges d'un album photo empli de souvenirs? Carnet de voyage? Pur exercice technique? Ne cherchons pas midi à 14h, de toute manière cet album est une franche réussite, du début à la fin. Un album que je prendrai plaisir à réécouter dans 1 mois, 2 ans, une décennie. Eternel, dans une sphère temporelle totalement indépendante et statique. Chapeau bas. Mention spéciale à l'ultime morceau, ALO, parcouru d'une tension simplement exceptionnelle de maitrîse.

Have Faith!

ps: Tracklist et extrait supplémentaire sur le site du label, que je découvre à l'occasion.




Mathias Delplanque : "Fell" from Bruit Clair Records on Vimeo.

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