jeudi 8 novembre 2012

D.Rhöne - Chapt​.​I (Self Release) 2012



Anesthésie générale ou profonde méditation, balance équitable au terme des 66 minutes enivrantes au possible de ce Chapt.1, premier album du projet D.Rhöne qui n'est autre que l'alter ego de Mathias Van Eecloo, dont le main project Monolyth and Cobalt vous parlera peut-être davantage. Beaucoup plus conceptuel, mais également empli d'un minimalisme certain, les longues plages gratifiées du dénominateur commun " Arcane " laissent place à un presque-silence balayant les 5 phases avec une harmonie lénifiante.
Les restrictions instrumentales (volontaires bien entendu) permettent de bâtir un espace sonore gigantesque, accru par quelques rares effets étendus sur la longueur, fondus avec extrême délicatesse.

Ecoute au casque préconisée. Il va sans dire que les lieux dépeints ne sont pas aisément abordables, la seule condition étant d'allonger le bras, puis de laisser le flux gorgeant l'intraveineuse faire son travail et vous endormir doucement. Le schéma corporel se modifie peu à peu, les perceptions se floutent, l'apesanteur se fait sentir. Et vous êtes là, sourire aux lèvres, appréciant chaque milliseconde de ce moment si unique. Chapt.1, c'est comme revivre cet instant mais s'apercevoir qu'il durera une éternité. Arcane 18.21 fait son entrée sur un assemblage cotonneux d'instrument à clapet libres tout aussi fragile que sa puissance mélancolique pourtant si feutrée. Les doux effleurements de ce qui s'apparente à un hautbois baryton sont d'un charme sans égal, les apparitions ne sont que futilement perceptibles, toujours à fleurs de peau. Le souffle est léger, parfois plus sec, sorte de spasme vrombissant et lisse contrecarrant les textures finement perçantes du clavier à vent. Un grand moment. L'espace est à moitié vide, ou du moins parsemé de brouillard épongeant toutes fréquences sonores se risquant à percer son voile. Quelques exhalations chétives parviennent pourtant à se frayer un timide chemin vers une fascination surnaturelle. Cet album renvoie un sentiment très singulier, celui de ne rien entendre, mais à la fois de percevoir un nombre incalculable de choses en fouillant un tant soit peu.

Pour cette fois, nul besoin de s'étendre davantage, l'album en dit déjà assez malgré son air taciturne. Expérience onirique et unique en son genre, très fortement conseillée pour qui adule les poupées russes. Le réveil sera dur mais comblé de révélations, frustrant mais laissant quelques séquelles inoubliables. Version CD limitée à 50 exemplaires.

Have Faith!

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